Le baromètre Ipsos/Bonial des enseignes les plus attractives de France vient de publier son édition 2025. Cette enquête, menée auprès de 10 000 Français entre septembre et octobre dernier, évalue l’attractivité perçue de plus de 350 enseignes réparties sur 17 secteurs d’activité. Dans le sport, Decathlon écrase la concurrence avec un indice de 38,4 points. Mais en croisant ces résultats avec les chiffres réels du marché vélo français, un décalage apparaît entre perception et réalité économique.
Un baromètre de l’attractivité perçue, pas des ventes
Avant de plonger dans les résultats, un point méthodologique s’impose. Ce baromètre mesure l’attractivité commerciale perçue par les consommateurs, pas les parts de marché ou les volumes de ventes. Les 10 000 répondants ont évalué les enseignes sur 11 critères : attractivité des prix, rapport qualité-prix, variété de l’offre, expérience d’achat en magasin, etc.
Autre élément clé : l’étude porte uniquement sur « les enseignes disposant de points de vente physiques », comme précisé dans l’éditorial. Une approche qui laisse dans l’angle mort tout un pan du marché vélo, notamment les acteurs 100% en ligne et les reconditionneurs.
Decathlon écrase le baromètre des enseignes sport 2025, Intersport résiste
Avec 38,4 points d’indice d’attractivité (sur 100), Decathlon conserve sa première place pour la deuxième année consécutive, avec une progression de +2,2 points. Intersport suit à 27,8 points (+2,4 vs 2024), et Nike ferme le podium avec 20,7 points (+0,7).
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L’écart entre Decathlon et le reste du peloton est significatif : +10,6 points d’avance sur Intersport, +17,7 sur Nike. L’enseigne au logo bleu domine sur 9 critères sur 11, avec des scores particulièrement impressionnants :
- Rapport qualité-prix : 56 points (vs 29,2 de moyenne secteur)
- Attractivité des prix : 49,6 points (vs 24,0 de moyenne)
- Facilité d’accès au magasin : 49,3 points (vs 30,6 de moyenne)
- Variété de l’offre : 47,7 points (vs 30,9 de moyenne)
Pour les cyclistes, cela se traduit concrètement : le Longtail R500 électrique affiché à 2799€ face à des cargos électriques souvent vendus entre 5000 et 7000€ chez les spécialistes, le calcul est vite fait.
Les deux seuls critères où Decathlon ne domine pas ? La fréquence des promotions (Intersport fait mieux avec 26,1 points) et la responsabilité sociétale (Au Vieux Campeur conserve sa couronne avec 18,5 points).
Mais la réalité du marché vélo raconte une autre histoire
Si Decathlon domine largement en termes d’attractivité perçue, les chiffres de l’Union Sport & Cycle sur le marché vélo 2024 apportent un éclairage complémentaire intéressant.
En volume, les enseignes multisports (Decathlon et Intersport en tête) vendent effectivement 62% des vélos en France. Un chiffre qui confirme leur poids dans le secteur. Les détaillants et spécialistes représentent environ un vélo sur quatre (25%), tandis que la part des vélos vendus sur Internet reste faible à 7%.
Mais en valeur, la répartition change du tout au tout : plus de la moitié du chiffre d’affaires est captée par les détaillants et spécialistes, tandis que les enseignes multisports se partagent environ un tiers du gâteau.
Traduction concrète : Decathlon et Intersport vendent beaucoup de vélos, mais plutôt des entrées et milieux de gamme. Les vélocistes indépendants et spécialistes vendent moins d’unités, mais des vélos plus chers (haut de gamme, sur-mesure, VAE premium).
Le reconditionné, grand absent mais en pleine explosion
Le baromètre Ipsos/Bonial ne peut pas évaluer les acteurs sans magasins physiques. Résultat : les reconditionneurs de VAE comme Upway ou Loewi sont totalement absents de l’étude, alors qu’ils connaissent une croissance spectaculaire.
Les chiffres de l’Union Sport & Cycle 2024 sont parlants : 158 000 vélos ont été vendus par les reconditionneurs en France, soit une hausse de +9% sur un an. Un succès qui s’explique par plusieurs facteurs :
- Le prix : avec des VAE neufs atteignant régulièrement 3000 à 6000€, les modèles reconditionnés proposés 30 à 50% moins cher séduisent.
- Le rachat de stocks neufs : paradoxalement, les reconditionneurs ont massivement racheté des vélos neufs aux boutiques et marques qui croulaient sous les stocks post-COVID. On ne peut alors pas vraiment parler de « seconde main » au sens strict.
Upway, leader du secteur, a d’ailleurs levé 60 millions d’euros récemment pour accélérer son développement. Un signal fort de la maturité de ce segment.
Amazon, Alltricks : les géants du web dans l’angle mort du baromètre enseignes sport 2025
L’étude évalue uniquement les enseignes avec magasins physiques. Amazon n’apparaît donc pas, alors que la marketplace propose des milliers de références vélo, des draisiennes aux VAE d’entrée de gamme (avec une qualité souvent questionnée).
Alltricks figure dans la liste des enseignes évaluées, le spécialiste français disposant de quelques magasins physiques. Mais l’essentiel de son activité se fait en ligne, et sa position exacte dans le classement reste floue dans les résultats publics du baromètre.
Ces absences ou positions floues posent question quand on sait que, selon l’USC, 7% des vélos sont vendus sur Internet. Un chiffre qui peut sembler faible, mais qui représente tout de même plusieurs dizaines de milliers de vélos par an.
Baromètre enseignes sport 2025 : 87% achètent « en magasin », mais…
Le baromètre avance un chiffre : 87% des Français achètent leur équipement sport en magasin, au moins en partie. Décortiquons :
- 19% achètent exclusivement en magasin
- 31% principalement en magasin
- 37% autant en ligne qu’en magasin
- 9% principalement sur Internet
- 3% exclusivement en ligne
Première observation : seuls 19% sont des puristes du tout-physique. Près de la moitié (49%) achètent au moins autant en ligne qu’en magasin.
Deuxième nuance : le click & collect brouille les pistes. Quand vous commandez un vélo sur decathlon.fr pour le retirer en magasin deux heures plus tard, est-ce un achat « en magasin » ou « en ligne » ? La méthodologie de l’étude ne semble pas distinguer clairement ces cas hybrides.
Troisième limite : ces 87% concernent le sport en général. Pour le vélo spécifiquement, les chiffres de l’USC montrent que 7% passent par Internet. Un écart qui s’explique probablement par la spécificité du vélo : besoin d’essai, de réglages, de conseil technique sur l’achat de vélo.
Ce que ces chiffres révèlent vraiment
En croisant baromètre de perception et données de marché, trois tendances se dessinent :
1. Decathlon domine en volume et en image, pas en valeur L’enseigne vend énormément de vélos et jouit d’une excellente réputation sur le prix et l’accessibilité. Mais les vélocistes captent plus de valeur avec des vélos haut de gamme.
2. L’online progresse, mais reste marginal en volume 7% du marché vélo passe par Internet, contre probablement beaucoup plus pour d’autres produits sportifs (vêtements, accessoires). Le vélo reste un achat où le physique compte.
3. Le reconditionné change la donne 158 000 vélos reconditionnés vendus (+9%), c’est un segment qui n’existait quasiment pas il y a 5 ans. Il capte une clientèle attirée par le VAE mais rebutée par les prix du neuf.
Et concrètement, où acheter son vélo en 2025 ?
Ces études apportent des éclairages complémentaires, mais ne doivent pas vous enfermer. Pour vos achats vélo :
Vélos complets :
- Grandes enseignes (Decathlon, Intersport) : bon rapport qualité-prix, facilité d’accès, essai possible
- Reconditionneurs (Upway, Loewi) : VAE de qualité à -30/50%, garantie sérieuse
- Vélocistes indépendants : conseil expert, sur-mesure, SAV de proximité
Pièces et accessoires :
- Alltricks : large choix, fiches techniques détaillées
- Amazon : accessoires génériques (à vos risques sur la qualité)
Entretien :
- Vélociste de quartier ou réparateur à domicile, évidemment 😉
L’essentiel ? Multiplier les points de contact : comparez en ligne, essayez en magasin si possible, achetez là où le rapport qualité-prix-service est optimal pour vous.
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