Actualités

Vélo à Londres en 2025 : 1,5 million de trajets/jour, mais 33e ville cyclable mondiale

Publicités
pub
Temps de lecture : 7 minutes

Le rapport Transport for London (TfL) 2025 fait le buzz : 1,5 million de trajets vélo chaque jour dans la capitale britannique, soit +43% en cinq ans. Des chiffres impressionnants qui semblent propulser Londres au rang de grande ville cyclable. Sauf que le Copenhagenize Index 2025, classement de référence mondiale, place Londres à la… 33e place. Derrière cinq villes françaises. Entre progrès réels et retard persistant, que nous disent vraiment ces statistiques ?

Vélo à Londres en 2025 : les chiffres d’une progression indéniable

Le rapport TfL qui fait le buzz

Les données dévoilées par Transport for London en novembre 2025 ont de quoi impressionner :

Publicités
pub
  • 1,5 million de trajets vélo par jour : +43% par rapport à 2019, +12,7% sur un an
  • Réseau quintuplé : de 90 km en 2016 à 431 km en 2025
  • 150 000 trajets quotidiens en Lime bikes : environ 10% du total
  • 17 nouvelles Cycleways lancées en 2024/25

L’investissement dans les infrastructures porte visiblement ses fruits. Depuis Boris Johnson qui a lancé le premier plan vélo en 2016, jusqu’à Sadiq Khan qui maintient le cap, Londres bénéficie d’une rare continuité politique sur le sujet.

Des indicateurs encourageants

Les données de sécurité et d’accessibilité suivent :

  • 29% des Londoniens vivent à moins de 400 mètres d’une Cycleway (objectif : 40% d’ici 2030)
  • 76% se sentent en sécurité sur les pistes cyclables dédiées (contre 40% sur les routes classiques)
  • 9 décès de cyclistes recensés en 2024, soit un tiers de moins que la baseline 2010-2014

Sur le papier, Londres fait figure de bonne élève européenne qui rattrape son retard. Sauf que…

Piste cyclable Cycleway à Londres avec séparation physique de la circulation automobile

Mais Londres reste 33e du classement mondial Copenhagenize 2025

Une mise en perspective qui fait mal

Le Copenhagenize Index 2025, publié il y a quelques jours, place Londres à la 33e position mondiale sur 100 villes évaluées. Pour situer : derrière Paris (5e), Bordeaux (9e), Nantes (10e), Strasbourg (13e) et Lyon (14e). Même au Royaume-Uni, Cambridge (31e) devance Londres. Manchester suit juste derrière à la 34e place.

Plus révélateur encore : en 2011, Londres était 16e. La capitale britannique a donc perdu 17 places en 14 ans, non pas en régressant, mais en se faisant massivement dépasser par d’autres villes plus ambitieuses.

Pourquoi ce décalage entre chiffres nationaux et classement mondial ?

1. Un point de départ catastrophique

En 2016, Londres était une ville quasi-hostile au vélo. Les +43% représentent donc un rattrapage plus qu’une révolution. Paris a doublé sa part modale en cinq ans (5% → 11,2%), Lyon et Lille progressent à marche forcée avec des investissements massifs depuis 2020.

2. Un investissement relatif

Cycling Weekly révèle que Londres investit £22,50 par habitant et an (environ 26€), soit plus du double des autres villes britanniques. Impressionnant ? Pas tant que ça comparé aux champions :

  • Utrecht (1ère mondiale) : 63€/habitant/an
  • Copenhague (2e) : 38€/habitant/an

L’effort existe, mais reste dans la moyenne basse des villes cyclables européennes.

3. La qualité variable des infrastructures

Les 431 km de réseau comptabilisent beaucoup de « painted lanes » (bandes cyclables peintes) et pas seulement des pistes physiquement séparées. Copenhagenize privilégie la qualité sur la quantité : Copenhague affiche 52 km de pistes protégées pour 100 km de routes, un standard que Londres est loin d’atteindre sur l’ensemble de son réseau.

4. Une culture automobile encore dominante

Le sentiment d’insécurité reste élevé : 60% des cyclistes londoniens ne se sentent pas en sécurité sur les routes classiques. Le pourcentage de femmes cyclistes, considéré par Copenhagenize comme le meilleur indicateur de sécurité perçue, reste faible comparé aux villes du top 10 où elles représentent plus de 45% des cyclistes.

Le verdict Copenhagenize : Londres progresse rapidement mais part de très loin et reste structurellement en retard sur les vraies références européennes.

Et en France ? Des trajectoires contrastées

Pas question de tomber dans le « tout va mieux chez nous ». La France connaît elle aussi ses disparités, comme l’a révélé le Baromètre des villes cyclables 2025.

Paris (11e nationale, 5e mondiale) : le paradoxe londonien en miroir

Avec 11,2% de part modale contre environ 5-7% estimé à Londres, Paris fait mieux sur ce critère clé. La capitale française enregistre 25 000 vélos par jour boulevard Sébastopol et a investi 250 millions d’euros sur le mandat 2020-2026.

Mais le classement national raconte une autre histoire : Paris n’est que 11e du baromètre français. Les cyclistes parisiens déplorent des carrefours dangereux (Concorde, Étoile, Opéra), une saturation des pistes et un déséquilibre persistant entre l’est et l’ouest de la capitale.

Le paradoxe ? Même problématique qu’à Londres : explosion de la pratique mais infrastructures qui peinent à suivre. La reconnaissance internationale (5e Copenhagenize) contraste avec les difficultés du terrain.

Paris au Baromètre 2025 : entre progrès notables et défis persistants

Lyon (4e nationale) : la montée en puissance

+15% de note en quatre ans : Lyon grimpe à la 4e place du baromètre français et entre pour la première fois au classement Copenhagenize (14e mondiale). Les Voies Lyonnaises structurent le réseau, le passage Pompidou offre une piste de 4 mètres de large, et les zones 30 généralisées depuis 2022 apaisent la circulation.

Trajectoire similaire à Londres : investissement massif récent qui commence à porter ses fruits, mais avec une culture cyclable historiquement plus ancrée.

Lyon au Baromètre 2025 : la remontée spectaculaire qui fait plaisir

Lille (top 10 national) : champion français de la progression

La révélation du baromètre 2025 : +18,51%, meilleure progression nationale ! De la catégorie E (« défavorable ») en 2019 à C (« plutôt favorable ») en 2025, Lille prouve qu’un rattrapage express est possible.

L’ingrédient miracle ? 100 millions d’euros investis sur 2021-2026, soit un budget multiplié par 15 à 18 par rapport à l’avant-2017. Le réseau Vélo Plus (230 km) et la Vélostation de 440 places à Lille-Europe témoignent d’une politique volontariste.

Lille au Baromètre 2025 : meilleure progression de France, l’exemple à suivre

Nantes (7e nationale) : l’essoufflement de la pionnière

Ancienne 2e du baromètre en 2017, Nantes glisse à la 7e place malgré 115 millions d’euros annoncés pour 2021-2026. L’objectif de faire passer la part modale de 3% à 12% d’ici 2026 semble hors d’atteinte.

Le diagnostic est sévère : écart entre planification ambitieuse et réalité terrain, qualité d’exécution insuffisante, manque d’arceaux de stationnement. Être pionnière ne suffit pas si l’effort n’est pas maintenu.

Nantes au Baromètre 2025 : quand la pionnière se fait rattraper

Tableau comparatif express

VilleBaromètre FRCopenhagenizeNoteDynamique
Paris11e5e mondial3,67/6⚡ Explosive mais saturée
Lyon4e14e mondial4,03/6📈 Forte hausse récente
LilleTop 10Non classé~3,6/6🚀 Rattrapage express
Nantes7e10e mondial3,88/6⏸️ Stagnation préoccupante
Londres33e mondial📊 Progrès mais retard structurel

L’enseignement ? Ni Londres ni les villes françaises n’atteignent encore les standards des champions néerlandais ou danois. Mais les trajectoires divergent : certaines accélèrent (Lyon, Lille), d’autres stagnent (Nantes), et toutes se heurtent aux mêmes défis de saturation et de qualité d’exécution.

Nouvelle piste cyclable du passage Pompidou à Lyon, exemple des Voies lyonnaises
Photo de la nouvelle piste cyclable du passage Pompidou. ©SPL Lyon Part-Dieu

Ce que ces chiffres vélo 2025 nous apprennent vraiment

1. Les chiffres bruts ne suffisent pas

Londres affiche +43% de croissance mais reste 33e mondiale. La progression en pourcentage impressionne, mais c’est le niveau atteint qui compte. Partir de très bas rend les hausses spectaculaires… sans pour autant rattraper les leaders.

2. L’investissement massif donne des résultats sur la durée

Londres investit depuis 2016 (9 ans de continuité), Lyon et Lille depuis environ 2020 (5 ans). Les résultats arrivent, mais Utrecht investit 63€/habitant/an depuis des décennies. Le rattrapage prendra une génération.

3. La qualité prime sur la quantité

Londres compte 431 km de réseau, mais combien de vraies pistes séparées de qualité ? Copenhagenize sanctionne les réseaux hétéroclites où « painted lanes » et pistes protégées se mélangent. Les 76% de cyclistes se sentant en sécurité sur Cycleways (contre 40% ailleurs) prouvent que seule l’infra de qualité convainc.

4. Le phénomène Lime n’est pas une exclusivité

10% des trajets londoniens se font en Lime bikes. Impressionnant ? Les systèmes de vélos en libre-service existent aussi en France (Vélib’, Vélo’v, V’lille), même si les e-bikes dockless restent moins développés. La vraie différence : la culture d’usage plus qu’une innovation technologique.

5. Les vraies références restent néerlandaises et danoises

Utrecht (71,1/100), Copenhague (70,8/100), Amsterdam (66,6/100) caracolent en tête. Ni Londres, ni Paris, ni aucune grande métropole mondiale récemment convertie au vélo ne rivalise. Les villes moyennes (Utrecht 360 000 habitants, Gand 265 000) possèdent un avantage structurel : transformer un réseau urbain plus compact est plus rapide.

Progrès rapides, mais les standards restent loin

Le rapport TfL 2025 le démontre : une grande métropole peut transformer rapidement sa politique vélo avec investissement continu et volonté politique. Londres a quintuplé son réseau en neuf ans, créé 17 nouvelles Cycleways en un an, et réduit la mortalité cycliste d’un tiers.

Mais le classement Copenhagenize rappelle une réalité que les chiffres bruts masquent : Londres reste 33e mondiale, loin des standards établis. Pire : elle a perdu 17 places depuis 2011, non en régressant, mais en se faisant massivement dépasser.

Les villes françaises connaissent des trajectoires diverses. Paris explose en pratique mais sature ses infrastructures. Lyon et Lille rattrapent à grande vitesse avec des politiques volontaristes récentes. Nantes, pionnière, stagne faute d’exécution à la hauteur des ambitions.

Le message commun ? Investir massivement sur 5 à 10 ans donne des résultats tangibles et mesurables. Mais atteindre les standards d’Utrecht ou Copenhague – où le vélo structure la ville depuis des décennies – demandera une génération entière de politiques cohérentes et d’investissements maintenus.

Londres comme Paris prouvent qu’on peut changer vite. Les Pays-Bas prouvent qu’on peut changer durablement. À chacun de choisir son modèle… et d’assumer le temps nécessaire pour l’atteindre.


Profitez des nouvelles infrastructures cyclables

🔧 Vélo à entretenir avant de profiter des pistes ?
Les réparateurs Roulez Jeunesse interviennent à domicile dans 7 métropoles françaises pour remettre votre monture en état. Révision complète, freins qui grincent, pneu crevé : ils s’occupent de tout pour que vous rouliez l’esprit tranquille.
👉 Prendre rendez-vous avec un réparateur

Publicités

🚲 Besoin d’un vélo adapté à votre pratique urbaine ?
VAE pour les côtes, cargo pour les enfants, vélo urbain classique : notre équipe vous accompagne pour trouver le modèle parfait selon votre ville et vos trajets. On vous aide à faire le meilleur choix, au meilleur prix, auprès de nos vélocistes partenaires.
👉 Trouver votre prochain vélo


Sources : Transport for London Travel in London Report 2025, BikeRadar (Stan Portus), BBC London, Cycling Weekly, Copenhagenize Index 2025, Baromètre FUB des villes cyclables 2025.

guest
0 Commentaires
Le plus ancien
Le plus récent Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires