Alors que la France traverse une période politique mouvementée, un décret ministériel publié le 29 novembre 2024 est venu discrètement mettre fin au bonus écologique et à la prime à la conversion pour l’achat de vélos. Une décision qui interroge sur nos priorités en matière de mobilité durable.
Que prévoyait exactement le bonus vélo ?
Mis en place en 2017 puis renforcé en 2022 par le plan national vélo, le bonus vélo était une aide financière essentielle pour faciliter l’accès aux mobilités douces, particulièrement pour les ménages modestes. Ce dispositif permettait notamment :
- Une aide jusqu’à 400€ pour l’achat d’un vélo électrique pour les revenus fiscaux inférieurs à 7 100€
- Un bonus plafonné à 300€ pour les revenus entre 7 100€ et 15 400€
- Une aide allant jusqu’à 2 000€ pour l’acquisition d’un vélo cargo, pliant ou adapté aux situations de handicap
- Une prime à la conversion pouvant atteindre 3 000€ en échange de la mise au rebut d’un véhicule polluant
L’aide était particulièrement intéressante car elle permettait d’accéder à des vélos de qualité, durables et sécurisants pour un moindre coût. Elle n’était plus conditionnée à l’obtention d’une aide locale, la rendant ainsi accessible sur l’ensemble du territoire.
Ce qui change avec la suppression des aides
Depuis le 2 décembre 2024, ces aides nationales sont totalement supprimées. Une période transitoire est prévue jusqu’au 14 février 2025, mais uniquement pour :
- Les vélos commandés avant le 2 décembre 2024
- Les contrats de location signés avant cette date
- À condition que la facturation ou le premier loyer intervienne avant le 14 février
Les aides locales (régions, départements, villes) restent actives. Cependant, elles ne peuvent compenser la perte des aides nationales qui visaient spécifiquement les foyers les plus modestes.
Un signal inquiétant pour la mobilité durable
Cette décision soulève plusieurs interrogations. D’abord sur le timing : alors que le pays traverse une période politique complexe, la suppression des aides vélos apparaît comme une priorité étonnante. Ensuite sur le signal envoyé : alors que la pratique du vélo explose en France et que les enjeux climatiques n’ont jamais été aussi pressants, ce choix semble en contradiction avec les ambitions environnementales affichées.
Le contraste est particulièrement frappant dans le traitement médiatique. Quand la réduction du bonus pour les voitures électriques fait la Une de tous les journaux, la suppression des aides vélos passe quasi inaperçue. Comme si la « vraie » mobilité ne pouvait être qu’automobile.
Cette décision intervient aussi dans un contexte délicat pour le secteur du vélo :
- Les vélocistes font face à des difficultés croissantes
- Les prix des vélos, particulièrement électriques, restent élevés
- L’inflation pèse sur le pouvoir d’achat des ménages
Quelles alternatives pour financer son vélo ?
Face à la suppression des aides nationales, plusieurs options restent possibles pour réduire le coût d’acquisition d’un vélo :
Les aides locales
De nombreuses collectivités maintiennent leurs dispositifs de soutien. Par exemple :
- Les régions proposent souvent des aides entre 200€ et 500€
- Certaines villes cumulent des bonus spécifiques
- Des départements ont mis en place des programmes dédiés aux vélos cargo
Nous vous conseillons de consulter le site mesaidesvelo.fr qui recense l’ensemble des aides disponibles selon votre lieu de résidence.
Le forfait mobilités durables
Mis en place par de nombreuses entreprises, il permet de bénéficier jusqu’à 800€ par an pour ses déplacements à vélo. Un dispositif qui peut faciliter l’investissement initial.
Le marché du reconditionné
Une alternative intéressante pour accéder à des vélos de qualité à prix réduit. Des acteurs comme Upway ou BackMarket proposent des vélos reconditionnés avec garantie.
Les solutions de financement
Certains vélocistes proposent des facilités de paiement. Le leasing vélo se développe également, permettant d’étaler le coût dans le temps.
En conclusion
La suppression des aides nationales pour l’achat de vélos marque un net recul pour l’accessibilité à la mobilité durable. Si des alternatives existent, elles ne compensent pas la perte d’un dispositif qui visait particulièrement les ménages modestes.
Cette décision pose question sur notre vision de la mobilité et notre capacité à faciliter la transition vers des modes de déplacement plus vertueux. À l’heure où les enjeux climatiques et sociaux n’ont jamais été aussi pressants, réduire le soutien à la mobilité douce semble paradoxal.
Pour les réparateurs du réseau Roulez Jeunesse, qui voient quotidiennement l’importance d’accéder à des vélos de qualité pour une pratique durable et sécurisée, cette suppression risque d’avoir des conséquences concrètes sur le terrain. Reste à espérer que d’autres dispositifs viendront rapidement prendre le relais pour continuer à démocratiser la pratique du vélo en France.
Vous avez des questions sur les aides encore disponibles ? N’hésitez pas à les poser en commentaire !