La capitale peut-elle sourire ? Oui, mais à moitié ! Le Baromètre des villes cyclables 2025 place Paris à la 11e position des grandes villes françaises avec une note de 3,67 sur 6. Si la capitale progresse enfin après sa chute de 2021, elle reste loin du podium et des meilleures élèves comme Grenoble, Strasbourg ou Lyon.
Décryptage d’un résultat en demi-teinte pour une ville qui ambitionne d’être la capitale mondiale du vélo, mais qui a encore du chemin à pédaler !
Paris remonte la pente mais reste hors du top 10
Une progression réelle mais tardive
Bonne nouvelle : Paris passe enfin de la classe D (climat « moyennement favorable ») à la classe C (« plutôt favorable ») ! Sa note grimpe de 3,33 en 2021 à 3,67 en 2025, soit une progression de +10%.
Pour mieux comprendre le contexte national et voir comment Paris se situe par rapport aux autres grandes villes, consultez notre analyse complète des résultats du Baromètre 2025.
Cette remontée efface en partie la déception de 2021, année où la capitale avait chuté à la 12e place après avoir atteint la 4e position en 2019. Mais restons lucides : 11e place sur 37 grandes villes, ce n’est pas franchement le podium qu’on espérait pour la « ville vélo » promise par Anne Hidalgo !
Un paradoxe parisien : des cyclistes nombreux mais pas totalement satisfaits
Le paradoxe est saisissant : Paris n’a jamais compté autant de cyclistes ! Environ 25 000 vélos empruntent quotidiennement le boulevard Sébastopol, 22 000 traversent le boulevard du Palais, et plus de 15 000 roulent sur le boulevard Saint-Michel. La part modale du vélo a atteint 11% en 2024, contre quelques pourcents à peine il y a dix ans.
Pourtant, cette explosion de la pratique ne se traduit pas par une note exceptionnelle au baromètre. Pourquoi ? Parce que plus de cyclistes signifie aussi plus d’attentes, plus de saturation sur certains axes, et plus de frustrations face aux points noirs qui perdurent.
Ce qui progresse : les Parisiens reconnaissent les efforts
La mandature Hidalgo saluée par les cyclistes
Point remarquable : les cyclistes parisiens attribuent la note maximale A+ à l’action municipale en faveur du vélo sur le mandat 2020-2026. Une reconnaissance claire de la volonté politique affichée, même si l’exécution ne satisfait pas encore pleinement tous les usagers.
Les investissements parlent d’eux-mêmes : environ 250 millions d’euros ont été consacrés au développement des pistes cyclables et du stationnement vélo durant ce mandat. Du jamais vu à Paris !
Les aménagements plébiscités par les cyclistes
Plusieurs réalisations récentes font l’unanimité dans les retours du baromètre :
La rue de Rivoli : Cette artère majeure, transformée en axe cyclable protégé, obtient 831 contributions positives. Sa large piste bidirectionnelle séparée du trafic motorisé et des piétons est citée en exemple de ce qu’il faudrait généraliser.
Les coronapistes pérennisées : Plus de 50 km de pistes temporaires créées en 2020 ont été maintenues et améliorées. Ces axes (rue de La Fayette, boulevard Saint-Michel…) constituent désormais l’épine dorsale du réseau cyclable parisien.
Le stationnement vélo : C’est le point qui progresse le plus ! La note passe de 3,40 en 2021 à 4,05 en 2025 (+0,65 point). Des milliers de nouveaux arceaux ont été installés, même si la demande reste supérieure à l’offre.
Les zones 30 : un apaisement qui porte ses fruits
La généralisation de la limitation à 30 km/h fin 2021 a contribué à pacifier la circulation. Cette mesure, même si elle reste controversée dans certains quartiers, renforce le sentiment de sécurité des cyclistes sur de nombreux axes.
Les points noirs qui plombent la note parisienne
Les carrefours et portes de Paris : le cauchemar des cyclistes
C’est LE point noir majeur relevé par le baromètre : la quasi-totalité des « portes » de Paris (les entrées/sorties de la ville) sont jugées dangereuses et mal aménagées. Traverser à vélo reste une épreuve aux portes de Clignancourt, de la Chapelle, de Vincennes ou d’Orléans.
Les grands carrefours du centre ne sont pas mieux lotis. Place de la Concorde, place de l’Étoile, place de l’Opéra ou place de Clichy figurent parmi les zones problématiques signalées massivement par les usagers. L’absence d’aménagements sécurisés ou la complexité de ces nœuds rendent la pratique du vélo anxiogène.
Le déséquilibre géographique ouest-est
Un constat sans appel : l’ouest parisien (8e, 16e, 17e arrondissements) accuse un retard considérable par rapport au centre et à l’est. Durant le dernier mandat, les aménagements cyclables se sont concentrés sur les arrondissements centraux et est, délaissant l’ouest.
Cette fracture géographique au sein de la capitale pénalise la note globale. Les habitants de l’ouest n’ont pas accès au même réseau cyclable que ceux de l’est, créant une inégalité territoriale flagrante.
Illustration de cette résistance : la suppression de la piste cyclable de l’avenue de l’Amiral-Bruix (Porte Maillot) à l’été 2025 a suscité l’indignation des cyclistes et symbolise les blocages persistants dans certains secteurs.
Des aménagements sous-dimensionnés
Même certains axes récemment aménagés présentent des limites. Le boulevard Magenta (10e) obtient paradoxalement 1 638 contributions négatives malgré ses pistes cyclables bilatérales ! Problème : leur faible largeur pousse de nombreux piétons à marcher dessus, générant conflits et insécurité.
Cette situation illustre un enjeu crucial : la simple présence d’une piste ne suffit pas si elle n’est pas dimensionnée pour absorber l’afflux de cyclistes ou si la cohabitation avec les piétons y est mal gérée.
Le stationnement : des progrès mais encore insuffisant
Malgré l’amélioration notable de la note, le manque de places de stationnement vélo reste criant, notamment :
- Aux abords des gares (Austerlitz, Lyon, Nord)
- Dans les zones commerciales denses (Marais, Grands Boulevards)
- Près des équipements publics (piscines, bibliothèques, mairies)
La peur du vol demeure un frein majeur pour de nombreux Parisiens tentés par le vélotaf. Si vous cherchez à bien protéger votre vélo dans la capitale, nos conseils peuvent vous aider.
Le RER Vélo : une promesse pour demain
Au-delà du périmètre parisien, le projet de Réseau Express Vélo Île-de-France (RER Vélo) apporte une perspective encourageante. La région a engagé 300 millions d’euros pour créer 11 voies cyclables express totalisant 750 km, dont l’ouverture s’échelonnera entre 2025 et 2030.
Ces itinéraires amélioreront considérablement la continuité depuis la banlieue jusqu’au cœur de Paris, facilitant les trajets domicile-travail pour les franciliens. Une brique essentielle du système vélo métropolitain !
Les réactions : entre satisfaction et exigences
Les associations mitigées
Paris en Selle, association référente des cyclistes parisiens, se félicite de voir Paris passer en catégorie « plutôt favorable » et reconnaît les efforts municipaux. Mais elle rappelle que Paris n’est « même pas parmi les trois meilleures grandes villes » alors que sa maire a fait du vélo son cheval de bataille.
Les associations demandent à « maintenir le cap et accélérer » plutôt que de lever le pied en fin de mandat. Le moratoire sur les travaux annoncé en juin 2025 par Anne Hidalgo a d’ailleurs été vivement critiqué comme un « coup de frein pour le vélo ».
La mairie revendique le bilan
L’adjoint aux mobilités David Belliard souligne que la note parisienne est en hausse et préfère retenir les aspects positifs, notamment sur le stationnement et les services vélo. Anne Hidalgo, de son côté, met en avant la hausse historique de la fréquentation cycliste comme preuve du succès de la politique menée.
Vers les municipales 2026 : le vélo au cœur des débats
À six mois des élections municipales, le Baromètre 2025 devient un outil politique de premier plan. Avec 40% des Parisiens qui déclarent faire du vélo fréquemment, le climat cyclable s’impose comme un sujet majeur de la campagne.
Les chantiers prioritaires pour 2026-2032
Pour espérer intégrer le top 5 national au prochain baromètre, Paris devra :
- Traiter les points noirs : carrefours, portes, zones ouest
- Créer de la continuité : combler les ruptures du réseau
- Renforcer le stationnement : objectif 100 000 places sécurisées
- Élargir les pistes saturées : adapter aux flux croissants
- Équilibrer géographiquement : rattraper le retard de l’ouest
Si vous envisagez le vélotaf à Paris, équipez-vous correctement pour affronter les défis de la circulation parisienne !
Paris dans le contexte national
Pour mieux situer Paris par rapport aux autres grandes métropoles françaises, voici quelques comparaisons éclairantes :
- Grenoble (1ère, 4,37) : presque 1 point d’avance sur Paris
- Lyon (4e, 4,03) : devance désormais Paris – découvrez comment Lyon a réussi sa progression
- Nantes (7e, 3,88) : juste devant Paris malgré une stagnation – voir l’analyse des résultats nantais
- Lille (top 10, 3,6) : remonte et talonne Paris
Paris doit faire face à une concurrence accrue de métropoles autrefois moins bien loties qui ont su accélérer leur politique vélo.
Conclusion : Paris peut mieux faire
Le bilan parisien au Baromètre 2025 est encourageant sans être enthousiasmant. La capitale progresse (+0,34 point), les cyclistes reconnaissent les efforts (note A+ à la municipalité), et la pratique explose (11% de part modale).
Mais Paris reste 11e sur 37 grandes villes, loin des références nationales. Les points noirs persistent (carrefours, portes, déséquilibre géographique), et les aménagements peinent parfois à suivre l’explosion de la demande.
À l’approche des municipales 2026, le message du baromètre est limpide : continuer, amplifier, corriger. Paris a le potentiel pour devenir une véritable capitale du vélo. Encore faut-il transformer l’ambition politique en réalité sur le terrain, partout dans la capitale.
Pour découvrir comment d’autres grandes villes françaises abordent ces défis :
- Le Baromètre des villes cyclables 2025 : résultats complets
- Lyon : la progression spectaculaire
- Nantes : la stagnation qui interroge
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